OPTIMISEZ
VOTRE ENTRAINEMENT VELO
Article
paru dans Triathlète magazine Numéro 190 - Février 2003
Des trois disciplines composant
le triathlon, c’est sûrement en vélo
que le triathlète est le moins rigoureux dans
sa préparation. C’est à dire qu’il
confond bien souvent qualité et quantité.
C’est pourtant dans cette discipline où
il y a le plus de temps à gagner, vu que quelque
soit la nature du triathlon, le triathlète passant
en moyenne 50% de l’épreuve sur son vélo.
Donc si vous voulez être compétitif, il
va falloir apprendre à rouler vite !
C’est vrai que lors que l’on regarde certains
Grand Prix ou certaines Coupes du Monde, la partie vélo
est dénuée d’intérêt,
parce qu’il ne s’y passe pas grand chose.
En revanche sur les épreuves sans drafting, les
différences en vélo, même chez des
triathlètes professionnelles peuvent être
énormes, et vu que le circuit vélo des
prochains Jeux Olympiques d’Athènes est
très sélectif, quelques-un commencent
à changer leur stratégie de préparation.
Pour la plupart, progresser en vélo passe nécessairement par un nombre d'heures de selle important. Les longues sorties sont certes utiles, mais il y a un moyen de s'améliorer avec des séances courtes et très rentables. C'est l'activité la moins technique (d'un point de vu habilités motrices à acquérir ), essentiellement car on se situe en chaîne fermée, c'est à dire simplement que la machine impose le mouvement à l'organisme, donc les limites sont plus souvent physiologiques que techniques.
LES TESTS EN CYCLISME
On parle rarement des tests vélo en triathlon, pourtant ils sont aussi importants que les tests en natation et en course et à pied, et ne sont pas si difficiles que cela à mettre en place.
1)le test de fréquence de
pédalage maximale (route)
Dans une descente, avec une résistance assez faible,
augmentez la fréquence, jusqu'à atteindre un maxi, sans
trop sauter sur sa selle. Ce test permet de renseigner
sur la coordination (intra et inter musculaire), la
puissance anaérobie alactique et le relâchement. Des
valeurs supérieures à 200 rotations par minute peuvent
être atteintes.
2)le test rectangulaire (home
trainer)
30' à une fréquence de pédalage constante et toujours
identique avec une fréquence cardiaque de 10 battements
sous le seuil anaérobie. La distance parcourue doit
augmenter à chaque test, si l'entraînement a été bien
conduit.
3) le teste triangulaire
6 paliers de 5' progressif de 2km/h avec 1' de récupération
active. Commencer le test à une vitesse de 8km/h environ
sous le seuil anaérobie estimé. Noter la pénibilité
de l'effort sur chaque palier et repérer le point d'inflexion
sur la courbe des fréquences cardiaques.
LES OUTILS POUR ROULER PLUS VITE
Les deux meilleurs outils pour amener une progression rationnelle en vélo sont sans aucun doute, le home trainer et le compteur avec cadence de pédalage. Les SRM, Powertap, et autre système de calcul de puissance développée restent encore inabordables. Le cardio-frèquencemètre est un peu moins utile en vélo qu'il ne l'est en course à pied car la composante musculaire est plus importante, ce qui veut dire concrètement que le système cardiovasculaire est plus ou moins dépendant de la fréquence de pédalage utilisée, et que la puissance développée par les membres inférieurs atteindra une limite bien avant celle du muscle cardiaque (surtout chez les sujets entraînés).
I – LE HOME TRAINER
1) les avantages
On a tendance à dire que 1h00 de home trainer
équivaut à 2h00 sur route.
Cela dépend sur quel point on se base pour arriver
à une telle conclusion, et ce qu’on y fait
réellement. Mais les avantages sont certains
:
- Conditions reproductibles d’une séance
à l’autre (si la pression du pneu et la
résistance restent constantes)
- Pas de vent, pluie, déclivité, trafic
routier, crevaison,, pas de temps en roue libre, pas
la peine de mettre 15’ à s’équiper,
à nettoyer son vélo après la sortie,
…possibilité de réaliser la séance
à tout moment de la journée.
- Cibler des FC et des cadences de pédalage précises
et adaptées au contenu de la séance.
Ken Glah, Peter Reid, Lorie Bowden, Jeff Devlin, Chris Boardman, … l’utilisent très régulièrement avec les résultats que l’on connaît.
2) les inconvénients
L’inconvénient majeur pour la plupart,
est le manque de plaisir à rouler en salle. Pour
rompre cette monotonie :
- Ayez un objectif précis pour chaque séance.
- Réunissez-vous à plusieurs.
- Achetez un lecteur DVD pour vos séances d’endurance,
et un bon walkman pour les séances plus qualitatives
( je trouve qu’on est mieux concentré sur
l’exercice et son rythme de pédalage sans
TV).
3) quel type de home trainer
choisir ?
La mode est au spinning en salle de fitness, mais la
longueur des manivelles, la position et le manque de
résistance favorisent plutôt un travail
uniquement axé sur la (hyper)vélocité.
Les rouleaux sont très utiles pour ‘’tourner’’
les jambes et pour apprendre l’équilibre,
mais sont peu adaptés aux séances plus
intenses.
Le mieux reste les modèles à bain d ‘huile
ou magnétiques avec plusieurs résistances
possibles.
Le top reste les modèles affichant la puissance
développée et la Rolls Royce reste encore
le Computrainer avec fonction Spinscan et la possibilité
de s’entraîner sur le circuit de différents
triathlons, et de concourir avec d’autres athlètes
via le net.
4) quelle durée et quelle
fréquence pour les séances ?
Tout dépend du contenu, mais en moins de 1h00,
on peut réaliser une très bonne séance.
Pour des séances plutôt destinées
à améliorer le foncier, la limite haute
peut être fixée à 2h00. Au-delà
les bénéfices ne sont pas certains.
15 à 20’ sont largement suffisantes pour
s’échauffer et 10’ de retour au calme
également, ce qui fait qu’il reste environ
30’ pour effectuer les séries. Pourquoi
ne pas aller trottiner 15’ en guise de récupération
active (spécificité et optimisation de
son temps !)
Pour travailler l’équilibre, et se rappeler
ce que veux dire le terme ‘’vent de face’’,
essayer de maintenir une sortie sur route par semaine.
Elle évite aussi de se ‘’cramer’’
mentalement.
Maintenez une séance de home trainer hebdomadaire
toute l’année, même en période
estivale.
C’est le meilleur endroit pour réaliser
des intervalles de haute qualité.
5) conditions de pratique.
- Surélever la roue avant pour que les deux roues
soient à la même hauteur.
- Mettre un bandeau pour la sudation ainsi qu’une
serviette sur la potence pour éviter la corrosion
du cadre.
- Préparer 2 à 3 bidons suivant la longueur
de la séance.
- Utiliser éventuellement un miroir pour contrôler
la technique de pédalage et un ventilateur.
- Le mieux est d’avoir une roue spécialement
réservée pour le home trainer, car la
durée de vie du pneu s’écourte rapidement
et la jante a tendance à devenir un peu carrée
à la longue.
II - LES CADENCES DE PEDALAGE
Beaucoup de chose ont été
dites sur les cadences de pédalages ‘’optimales.’’,
mais bien souvent les résultats diffèrent
suivant les tests et sont réalisés sur
des ‘’pures’’ cyclistes.
Les cadences de pédalage restent très
individuelles ( CF Triathlète Magazine numéro
184)
Pourquoi chercher à faire mouliner un triathlète à l’aise sur de gros développements, qui roulent vite et qui enchaînent bien en course à pied après ? Si la force fait partie de ses points forts, autant l’optimiser.
Comme pour les fréquences
cardiaques, il faut travailler un panel de fréquence
de pédalage pour progresser.
Des séances avec des vitesses de rotation inférieures
à celles de course pour le renforcement musculaire
et à des vitesses de rotations supérieures
pour le travail technique.
Le compteur avec fréquence de pédalage
permet ainsi d’avoir trois indicateurs
1) la cadence à utiliser en course
2) une amélioration de la force
3) une amélioration de l’efficience du
pédalage.
Remarque 1 : la plupart
préfèrent rester toujours assis dans les
cotes quand ils roulent sous prétexte de mieux
développer la force des quadriceps.
C’est à mon sens une erreur, car en course,
rien ne vous empêche de vous lever, et souvent,
on fatigue très vite en danseuse, preuve en est
ici que les fibres alors recrutées n’ont
pas été habituées à fonctionner
en aérobie sur des intervalles longs.
Remarque 2 : certains avancent le fait qu’on
recrute plus facilement les fibres lentes sur des fréquences
de pédalage élevées. (cad basse>Fibres
rapides et cad élevée>Fibres lentes)
et donc le rendement dans la durée serait meilleur,
puisque ces fibres sont moins fatigables.
Pourtant, quand on analyse bien les fréquences
de pédalage, il semblerait qu’elle diminue
proportionnellement à l’allongement de
la distance de course. De plus, quand on est bien ‘’cuit’’
en fin de sortie, on a du mal à être véloce.
Ceci viendrait contredire cette notion de recrutement
de fibres musculaires.
LES SEANCES POUR PROGRESSER
Avant d’entreprendre tout programme, il y a deux
choses à savoir :
1) quelle est ma fréquence cardiaque au seuil
anaérobie.
(la fréquence cardiaque que vous arrivez à
tenir sur un contre la montre de 1 heure environ.)
Pour fixer les zones d’entrainement
RECUP |
END |
TEMPO |
SEUIL |
VO2 |
LACTIQUE |
|
% SEUIL ANAEROBIE |
65-80% |
80-85% |
90-95% |
95-100% |
100-105% |
Pas
de corrélation pulsation/vitesse |
ZONE
DE PULSATION (ex d’un SA à 175 bpm) |
115-140
bpm |
140-158
bpm |
159-166
bpm |
167-175
bpm |
175-184
bpm |
/ |
2) ma fréquence de pédalage
sur un triathlon.
Exemple, un athlète qui tourne les jambes à
80 rpm en course, fera des séances de développement
de la force à 40-50 rpm, des séances proche
de l’allure de course à 75-85 rpm, et des
séances plus orientées sur la technique
et la vélocité dans une fourchette de
110-120 rpm.
Armé de ces deux chiffres, vous êtes maintenant prêt à vous entraîner efficacement.
Qualité
développée |
Récupération |
Endurance |
Vélocité |
Force |
Tempo |
Seuil |
Vo2max |
Exemple
de séances sur home trainer |
20
à 30’ puls < 140 bpm (excellent
pour récupérer d’une séance
dure / ou longue de cap) |
45’
à 2h00puls 140-150 bpm |
Travail
sur 1 jambe pendant l’échauffement
5x(30’’jambe droite+30’’jambe
gauche+1’ les deux) + 2 blocs de 10’
(4’ cad 90+3’ cad 100+ 2’ cad
110 + 1’ cad >120) |
10x2’
cad 50-55 r=1’ cad 100 |
12x2’30’’
r=30’’puls 160-165 bpm cad 80-85 rpm |
3x8’
puls 170-175 cad 80-85 rpm r=3’ souple |
5x3’
cad 90-95 puls 180r=3’ puls < 140 |
Exemple
de séances sur route |
45’
à 90’ puls < 140 bpm |
Voir
tableau suivant longueur portion vélo. |
10x
1 sprint de 15’’ départ toutes
les 3’ |
8x1
cote de 3’ 53x15 à 50 rpm |
3x15’
puls 160-165 bpm cad 80-85 rpm |
30’
de CLM sur un braquet fixe 53x14 |
Idem
en cote par exemple |
NB : L’entraînement derrière un scooter est aussi très intéressant mais peu accessible pour la plupart d’entre vous, donc pas détaillé ici. Cependant, on se rapproche souvent d’un travail au seuil anaérobie.
La sortie longue
Distance
des triathlons préparés |
Sprint |
DO |
MD |
IM |
Distance
recommandée pour une sortie longue |
1h30-2h00 |
3h00 |
4h00 |
5h00-6h00 |
LA PLANIFICATION ANNUELLE
Eviter de faire des cycles d’entraînement,
comme on le voit très fréquemment, où
vous ne travailler qu’une qualité physique
par cycle.
Exemple : 2 mois de vélocité puis 2 mois
de force puis 2 mois d’intervalles au seuil anaérobie,…
Travailler plutôt toutes les qualités toute
l’année, avec des dominantes sur chaque
cycle.
Vous progresserez beaucoup plus vite, et votre entraînement
sera plus varié.
Rodolphe Debureau